Des romans sur le Japon

Publié le par Gilles et Calou

LA CHRONIQUE DES HEIKE ( Heike Monogatari ) d' Eiji Yoshikawa ( 1968 ) ***

( Albin Michel ) :

L'un des contes les plus célèbres du Japon après le "Dit de Genji" ( Genji Monogatari ). Cette histoire retrace la lutte à mort pour le pouvoir suprême, en 1160, entre deux grandes familles : les Heike (Taïra ) et les Genji ( Minamoto.)

A travers le destin du chef de la famille Heike, Kiyomori Taïra, c'est la fin d'une époque raffinée de Heian et l'avènement au pouvoir des Bushis pour 7 siècles qui est racontée.

Ce conte écrit entre 1202 et 1221 est romancé par Eiji Yoshikawa, l'un des romanciers les plus populaires au Japon. Il a fait l'objet d'un film de Kenji Mizoguchi.

              

LA PIERRE ET LE SABRE de Yoshikawa Eiji- (1960) **( J'ai lu ) :

Véritable best seller de la littérature japonaise de l'après-guerre, ce livre a été tiré à plus de 120 millions d'exemplaires, et traduit dans pratiquement toutes les langues. Il a fait l'objet de 7 films différents et d'un nombre incalculable de séries télévisées.

Ce roman fleuve de 1500 pages ( y compris le tome 2 : La Parfaite Lumière ) raconte la vie de Miyamoto Musashi. Le plus connu des guerriers japonais, qui enseigna la stratégie, vécut de duels successifs afin de parfaire sa technique des deux sabres.

Au delà de l'aspect romancé, Yoshikawa Eiji, en respectant l'histoire, essaie également de décrire une société japonaise à la fin des grands combats des Bushis* et à l'aube de l'ère Edo.

 

              

LES 47 RONINS de G. Soulié de Morant (1995) *** :

Version romancée de l'histoire des 47 ronins, ce livre ne trahit pourtant pas l'histoire véridique qui fit de ces samouraïs fidèles de véritables héros de l'histoire du Japon. Il restitue parfaitement l'état d'esprit qui anima la volonté de ces hommes, prets à servir leur maître jusqu'à la mort.

L'histoire est racontée au travers des paroles Terasaka Kichiemon. Il fut le seul survivant des 47 ronins qui n'eut pas la permission de se faire seppuku après avoir vengé son maître. Il raconte toute l'histoire, depuis la dispute initiale de son seigneur Asano Takumi no Kami, en passant par la période de dissimulation, jusqu'à l'attaque finale et le suicide rituel des conjurés.

Même si le livre est assez court, il permet de mieux imaginer comment cette histoire réelle, devenue quasiment une légende au Japon, a forcé l'admiration des Japonais. Considérés comme des modèles de vertu, les 47 Ronins restent parmi les héros les plus populaires de l'archipel.

              

LA GESTE DES SANADA de Inoue Yasushi ( 1958 ) **** ( POF ) :

Grand écrivain Japonais, né au début du siècle, Inoue Yasushi a écrit 8 nouvelles consacrées à la période Momoyama, dont 4 sont concernant le grand général Sanada Masayuki, le père de Yukimura. A travers ces récits historiques, Inoue laisse entrevoir la période troublée de l'unification du Japon, pleine d'intrigues et de suspicions. Le double langage, le retournement d'alliances, la trahison étaient autant d'armes employées entre eux par les grands seigneurs ( Daimyos ).

Parmi les autres récits, celui de la bataille de Nagashino et celui de la description de la mort d' Oda Nobunaga, assassiné par l'un de ses généraux Akechi Mitsuhide, sont particulièrement poignants. La maîtrise du style historique de Inoue fait revivre autant les événements que les émotions des Bushis qui les vivent.

La Geste des Sanada traduit par René Sieffert fait partir des plus beaux textes du Japon publiés par les Publications Orientalistes de France ( "Langues- O ) dont beaucoup se rapportent aux Bushis.

 

            
DU DEVOIR DES GUERRIERS de Saikaku Ihara ( 1992 ) ** ( Gallimard) :

Ouvrage assez étrange écrit en 1688 par un auteur généralement plus intéressé par les histoires de moeurs et des quartiers de plaisir, que par l'éthique des Bushis. Pourtant Saikaku est lui-même fasciné par le côté grave, austère et parfois implacable du devoir des guerriers.

Au travers d'une trentaine d'histoires différentes, ce livre décrit les obligations des Bushis et leur logique parfois absurde et cruelle. Des massacres entiers naissent de petits incidents, ou des pères envoient leurs fils à la mort pour des raisons parfois bien minces.

L'intérêt de cet ouvrage est donc bien d'apporter une vision assez inhabituelle du Bushidô, avec parfois de la férocité ou de la moquerie pour ces guerriers parfois trop préoccupés de leur orgueil et pas assez de l'esprit de chevalerie qui devrait les animer. Néanmoins, Saikaku reste véritablement admiratif de la force de caractère et du courage de beaucoup de ces guerriers qui mettent leur devoir avant toute préoccupation personnelle.

             

LE DERNIER SHOGUN de Shiba Ryôtarô ( 1992 ) **** ( Philippe Picquier) :

Etonnant et passionnant livre écrit sur Tokugawa Yoshinobu, homme politique clairvoyant et très en avance sur son temps, qui utilisa son génie intellectuel au service d'une seule cause : mettre un terme au shogunat que dirigeait sa famille depuis près de trois siècles.

L'auteur raconte la vie de cet homme que rien ne destinait, au début, à prendre la plus haute fonction du Japon et à se heurter rapidement à la renaissance du pouvoir Impérial et à une implacable revanche des clans de Satsuma et de Chôshû. Page après page, on assiste aux luttes de pouvoir et d'influence d'un Japon pressé de se défaire de sa féodalité pour se mesurer aux puissances occidentales.

Shiba Ryôtarô est un merveilleux romancier, parfaitement respectueux de la vérité historique, mais également capable de décrire la psychologie parfois complexe de son personnage. Il est à espérer que l'éditeur veuille bien rééditer cet ouvrage déjà épuisé, et qu'il ait la bonne idée de mettre en couverture le portrait du dernier Shogun, et non pas comme ici, le portrait de Minamoto no Yoritomo, qui était le....premier Shogun !

              

LE DIT DE HÔGEN ET LE DIT DE HEIJI de René Sieffert ( 1978 ) *** ( POF) :

Si la Chronique des Heike ( voir plus haut ) décrit l'ascension puis la chute de Taïra no Kiyomori et enfin la prise du pouvoir par les Minamoto, ces deux récits se situent juste avant cette période en 1156 et en 1159. A la fin de l'ère Heian, quand la noblesse commence à perdre tout pouvoir, deux guerres successives vont amener pour la première fois un clan guerrier au pouvoir : les Taïra. Ce sont ces deux périodes charnières qui sont décrites ici.

Loin du style romanesque d'Eiji Yoshikawa, il s'agit ici plutôt des textes anciens (Monogatari ) que René Sieffert a retranscrit en français, en cherchant à garder à la fois l'âme du texte original et un récit passionnant pour le lecteur.

A la fois plus réaliste et plus épique que la Chronique des Heike, cet ouvrage permet de boucler ainsi une trilogie sur l'époque charnière pour les Bushis durant 30 années de luttes et de combat.

          

FEMMES ET SAMOURAI de Hideko Fukumoto et Catherine Pigeaire ( 1986 ) **

( Des Femmes) :

Les femmes sont peu citées dans l'histoire des Bushis, et pourtant elles jouent un rôle souvent primordial dans leurs destinées. C'est ce que veut démontrer ce livre, consacré aux femmes Japonaises qui ont vécu, de l'ère de Heian jusqu'à celle d'Edo, dans l'ombre des guerriers du Japon.

A travers le portrait de 27 femmes célèbres, chacune pour un rôle différent ( épouses, nourrices, maîtresses, otages...) les deux auteurs montrent la place déterminante qu'elles ont pris, soit dans les décisions , soit dans l'action des Bushis. La dimension humaine qu'avaient même certaines d'entre elles, comme Kasuga no Tsubone, pouvant occulter les qualités de bravoure de leur époux.

 

Ce livre a le grand mérite de réparer une révision de l'histoire Japonaise. Souvent présentées comme des personnes d'influence néfaste et responsables de drames causés par leur ambitions démesurées, les femmes Japonaises ont, au contraire, souvent marqué leur époque par une fidélité et un engagement pour leur clan très souvent admirables.

       

LA VIE SECRETE DU SEIGNEUR DE MUSASHI de Junichirô Tanizaki ( 1931 ) ***

( Gallimard) :

Etrange récit du grand écrivain Tanizaki, plutôt spécialiste des drames intimes, que des récits historiques. Ce roman plonge le lecteur dans la furie des combats de l'ère Momoyama, en suivant un jeune guerrier, face à ses nombreux ennemis, et au prise avec ses propres tourments.

Lors de l'assaut de son chateau, le jeune fils du seigneur assiste à la cérémonie de préparation des têtes coupées des guerriers ennemis morts. Du spectacle choquant de ces cadavres manipulés délicatement par des jeunes filles naîtra chez le jeune guerrier une véritable fascination pour la mort.

Tout au long de sa vie, le jeune seigneur de Musashi perpétuera cette vision au fil de ses combats et de ses relations avec les autres, comme s'il refusait cette attirance vers la mort qui l'entraîne inexorablement. Roman noir et torturé, mais abordant en partie le thème du Hagakure, le livre de Tanizaki dérange et fait ressentir un climat psychologique difficile. C'est également l'occasion de décrire la vie dans les châteaux (Shirô ) à l'époque Momoyama.

( Un court récit est également inclus dans ce livre, mais n'a aucun rapport avec le roman principal. )

            
 

LE SILENCE DU ROSSIGNOL de Lian Hearn ( 2004 ) ***( Gallimard) :

Destiné aux adolescents, ce livre d'aventures se déroulant dans le Japon de l'ère Momoyama séduira beaucoup d'adultes. Ecrit par une Anglaise, ce livre est le dernier tome d'une trilogie baptisée le " Clan des Otori ". La grande sagesse de l'écrivain consiste tout d'abord à présenter son oeuvre comme imaginaire et non historique. Et pourtant, on est rapidement surpris par la connaissance du Japon ancien que présentent les 300 pages du roman.

Un jeune garçon Takeo, membre d'une communauté chrétienne persécutée, doit son salut à un seigneur du clan Otori qui le prend sous sa protection. Peu à peu, le mystère des origines réelles du jeune garçon fait place à de surprenantes révélations sur son appartenance à un clan Ninja au service des Otori depuis de nombreuses années. Le seigneur Shigeru et Takeo partagent également un but : se venger d'Iida Sadamu, chef du clan Tohan.

Derrière cette intrigue romanesque, sont décrites précisément toutes les caractéristiques de l'époque "Sengoku Jidai". Que ce soit le caractère des personnages, la description des châteaux et des palais, ou le rôle des Ninjas, l'ensemble sonne de façon extrêmement réaliste pour un auteur non-Japonais. Une documentation précise semble avoir servi de base à l'élaboration du livre. Certains événements historiques sont même reconnaissables durant la lecture. Voici un excellent livre pour un large public.

        

MENACES SUR LE SHOGUN de Dale Furutani ( 2000 ) ***( 10/18) :

Matsuyama Kaze est un drôle de Samouraï. Vivant au tout début de l'ère Edo, il cherche à remplir une mission que lui a laissé son ancienne suzeraine. Il tente également de résoudre un bon nombre d'énigmes rencontrées tout au long de son voyage à travers le Japon. A la fois manipulateur et rusé, il est aussi un redoutable sabreur qui sait se défaire, quand il le faut, de ses adversaires.

Publié dans la collection "Grands Détectives" de la collection 10/18, ce roman policier a été écrit par un américain d'origine Japonaise qui possède aussi une étonnante culture du Japon médiéval. Que ce soient les traditions, l'histoire militaire, la connaissance des arts martiaux, Dale Furutani reconstitue avec fidélité la vie des habitants de l'ancien Japon.

Dernier volume d'une trilogie, ce livre est la suite de "La Promesse du Samourai" et "Vengeance au Palais de Jade". Ces trois volumes, tous réussis, sont une excellente façon de se promener dans le Japon de l'époque Edo et de découvrir tout un passé particulièrement bien reconstitué par l'auteur.

       
 

DEUX OMBRES SUR LE PONT de Evelyne Brisou-Pellen ( 2002 ) **( Pocket Junior) :..

Dans la lignée du "Clan des Otori" voici un livre pour les adolescents sur le Japon médiéval. Située à l'époque Heian, cette histoire raconte l'histoire d'une jeune fille de la noblesse confrontée à la découverte du monde des adultes et à leurs jeux de guerre incessants. Au terme de son aventure, la jeune princesse découvrira que la réalité est moins facile à appréhender que la vision du monde qu'elle s'était crée.

Omi est persuadée que son père adoptif est responsable de la mort de sa mère. Elle refuse donc de se plier à toutes les obligations que ce dernier lui impose. Quand la guerre avec le clan voisin approche, la jeune fille s'enfuit de chez elle, pour découvrir la vie misérable des paysans Japonais. De cette dure découverte, elle trouvera le courage d'affronter le monde des adultes.

Ecrit par une Française, cette nouvelle est très représentative du Japon médiéval. De nombreuses explications sont données sur la vie et les coutumes de l'ère Heian, et l'ambiance générale de cette époque très bien recrée.

            

SAMOURAI de Takashi Matsuoka ( 2002 ) ( Presse de la Cité ) :

Malgré le titre très prometteur, et le nom apparemment japonais de son auteur, ce roman n'a pas véritablement de réalité historique, bien qu'il se situe à la fin du Shogunat Tokugawa en 1861. Basé sur un scénario d'aventures assez surprenantes mêlant à la fois le romantisme, la divination prémonitoire, le Western ( ! ) et les scènes de violence, sur un fond apparemment historique, le livre est une source de confusion pour beaucoup de lecteurs.

L'idée était pourtant intéressante, celle de décrire la fin du Shogunat et l'arrivée des premiers occidentaux, avec le choc des cultures. Malheureusement l'auteur, vivant depuis son enfance aux Etats Unis, a une vision un peu simplifiée du Japon. Non content de s'emmêler dans l'histoire du Japon en mélangeant l'ère Heian et Edo, il n'aborde pas du tout l'environnement historique pour se consacrer uniquement à ses récits d'aventures.

Les personnages ne sont pas vraiment mieux traités. Le prince Genji ( époque Heian ! ) n'a pas les caractéristiques d'un Daimyo Japonais, mais plutôt d'un aristocrate Anglais. L'auteur mélange également au récit un règlement de comptes entre Cow boys ( ! ) digne de OK Corral. Et c'est compter sans beaucoup de scènes de violences gratuites, dont certaines infligées à des enfants, à la limite du supportable et de la nausée. A déconseiller.

 

 

 

 

 

 

 

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